Le Réseau Vétiver - Description

Le Réseau Vétivers'occupe de la promotion et du recyclage des informations auprès des agriculteurs, des ONG, des agences gouvernementales, des consultants, des chercheurs et des contractants. Les informations peuvent varier entre l'utilisation des haies de contours vétiver pour la conservation du sol et de l'humidité, la stabilisation des digues, la réhabilitation des terrains vagues, et la prévention de la pollution des ressources naturelles.

Le réseau est maintenant riche de 100 participants venant des pays tropicaux et subtropicaux. Lancé en 1989, le Réseau Vétiver est un moyen de liaison entre les utilisateurs potentiels du vétiver dans un réseau formel d'échanges d'informations relatives au vétiver, la propagation des techniques ainsi que les informations sur les recherches. Le premier magazine N03 a été publié en Mars 1990, et le N07 en Juin 1997.11 y a actuellement plus de 4.000 participants lecteurs qui reçoivent les publications directement. Des milliers de participants reçoivent tout ou partie de la publication par des tierces personnes. Le réseau publie les articles gratuitement, notamment au niveau du magazine, les livres La Haie contre l'Erosion (200.000 exemplaires publiés), la Ligne Verte (40.000 exemplaires publiés), et tout autre document écrit ayant trait à la technologie. Le réseau publie une liste des participants, vend des transparents sur la technologie vétiver, et fournit des copies de vidéos. Tout nouveau participant reçoit automatiquement des exemplaires des magazines et les deux documents mentionnés précédemment.

Le magazine est l'élément clé du réseau, Le sujet ne se concentre que sur un seul thème: le vétiver et son utilisation. Le magazine rapporte des faits, propose des conseils pratiques et faisables sur la technologie vétiver, publie tout ce qui peut être imprimé de la part du lecteur, et accepte toutes les contributions. En 1992, le réseau a décerné des prix s'élevant en total à10.000 Dollars US pour des informations recherches relatives à la technologie. En 1993, les prix décernés s'élevaient à 30.000 Dollars US, dont 10.000 venant de Sa Majesté le Roi de la Thaïlande pour les recherches, les photos, les vidéos et les informations sur les agriculteurs. Ces prix ont généré des feed-back de la part des utilisateurs et des chercheurs, et ont provoqué un courant d'idées nouvelles et de méthodes d'application de la technologie vétiver parmi les utilisateurs. Le prochain décernement de prix est prévu pour la fin de l'année 1998, avec un montant de 50.000 Dollars US.

Le magazine se concentre entièrement sur des faits et des informations qui puissent permettre aux lecteurs de tester les suggestion, sans avoir à se référer à d'autres documents ou journaux. Les lecteurs disent souvent: "nous avons lu, nous avons fait, et ça a marché". Le réseau a apporté son assistance auprès d'ONG ou autres groupes pour l'organisation d'ateliers, et a fourni le fonds pour faire de petites démonstrations et l'approvisionnement en plants. Le réseau entend collaborer avec les agriculteurs, les ingénieurs, les environnementalistes, etc... c'est pour cela qu'il s'efforce de répondre à toutes les demandes d'informations provenant des utilisateurs. Le réseau n'a aucun droit d'auteur ni de brevet. Nous tenons à ce que les informations soient disponibles à titre gratuit, copiées gratuitement et traduites gratuitement (et Si nécessaire, amendées). Les participants au réseau conviennent avec notre principe.

Le Réseau fournira de petites subventions aux organisations qui souhaitent élaborer des programmes vétiver, ainsi que pour la création de réseau nationaux et régionaux. Ces derniers ont été faits en Amérique Latine, en Afrique Australe et Occidentale, en Europe et en Méditerranée, dans le Pacifique, en Chine et aux Philippines. En Octobre 1996, le Réseau Vétiver a reçu le prix "John Franz Sustainability Award" d'un montant de 100.000 Dollars US décerné par Monsanto Corporation, pour avoir représenté la meilleure technologie environnementale.

Le Réseau Vétiver dispose d'une liste des consultants en vétiver, et peuvent trouver et fournir les meilleurs spécialistes en la matière à travers le monde.

Le Réseau est une organisation à but non lucratif. Ceux qui souhaitent recevoir de plus amples informations ou faire une donation pour aider le Réseau sont priés de contacter le coordinateur du Réseau, Dick Grimshaw au

The Vetiver Network, 4500, Chase Avenue, Bethesda Md, 20814 USA.
Tél. 301 6567 1833, E-Mail: [email protected]

Le Vetiver - Une Haie contre l’Erosion - Description Generale

Il existe douze variétés connue de vétiver, dont la plus importante est Vetiveria zizanioides. Pendant des siècles, l'huile extraite des racines de V. zizanioides a été utilisée dans le monde du parfum. Les peuples autochtones ont reconnu les propriétés du vétiver comme plantes médicinales. En outre, le vétiver peut être utilisé pour les chaumes, la paille, et peut servir de nourriture. Le vétiver entre également dans la conservation du sol et de l'humidité. Dans les temps plus modernes, le vétiver a été utilisé dans les industries de la canne à sucre pour servir de haie de contour, aidant ainsi à la conservation et la stabilisation des bords de route et des digues.

Le vétiver qu'on avait toujours considéré comme se limitant zones humides, pousse sur une grande variété de conditions écologiques. La plante pousse à la fois sur un sol très acide (pH4) et un sol alcalin (pHi 1). Les racines peuvent atteindre 3-4 mètres de profondeur. La peste et les maladies affectent très peu la plante. Plusieurs plants ne portent pas de fleur, et combinés avec un système d'enracinement fixe, empêchent l'écoulement du sol. Chaque bosquet de vétiver est extrêmement dense, tellement dense que Si on l'entretient correctement, il peut pratiquement et parfaitement servir de filtre. La plante ne coûte pas cher, se cultive facilement, et n'exige qu'un minimum d'entretien. En tant que haie de contour, le vétiver agit en tant que système de filtrage continu qui ralentit l'écoulement, réduit le ruissellement et la formation de creux, et recueille les sédiments sur ses parois. La perte en nutriment du sol est ainsi réduite; l'humidité de sol et la rétention d'eau augmentent, de même que les terrasses naturelles et le niveau du sol derrière les haies. Une des caractéristiques les plus importantes du vétiver est que la plante occupe très peu de place et ne concurrence pas les autres cultures adjacentes. A part sa propriété de conservation du sol, le vétiver est utilisé pour stabiliser les digues, les canaux, les culée des ponts, et protéger des affaissements. En d'autres termes, le vétiver est une alternative biologiques pour les structures techniques de renforcement. Pendant ces dernières années, la technologie ajoué un rôle majeure dans la prévention de la pollution en tant que stabilisateur des écluses dans les mines d'or et dans les décharges municipales.

Dans le sud de l'Inde, à côté de la ville de Mysore, les agriculteurs ont, pendant de longues années, planté le vétiver pour délimiter les terres, tout comme les agriculteurs à Kano, (Nigeria) ont fait pendant des siècles (V. nigratana). Depuis le milieu des années 80, la technologie du vétiver a été introduites dans plus de 100 pays. La propagation de la technologie s'est fait par le truchement de films vidéos, de diapositives, de magazines, d'articles dans la presse, et de petits livres, le tout au bénéfice des utilisateurs finaux, des agriculteurs, des vulgarisateurs, et des ONG. La dernière revue du vétiver par un comité présidé par Dr. Norman Brolaug de l'académie nationale des sciences de Washington DC a généré de nombreuses d'informations. Le rapport intitulé "Le Vétiver, la Ligne Verte Fine contre l'Erosion" a été publié et relate tout le travail qui a été fait jusqu'à présent, tout en incitant la poursuite des efforts pour introduire le vétiver comme la technologie la plus importante pour conserver le sol et l'humidité dans les pays tropicaux et subtropicaux.

Des recherches ont été entreprises par de nombreuses organisations opérant dans les zones tropicales. Les recherches entreprises par CIAT en Colombie, où la précipitation annuelle s'élève à 1 8OOmm ont enregistré une réduction du sol de 143 tonnes (sans protection) à 1,3 tonnes par hectare sous protection du vétiver. On a remarqué une réduction de la perte en sol, et aucune diminution du rendement à la culture. A ICRISAT, dans le sud de l'Inde où la précipitation annuelle est de 6SOMM par an, il y eut une importante réduction de la perte en sol et du taux d'écoulement de plus de 60%. Yoon en Malaisie, et Materne en Louisiane ont fait des démonstrations pratiques remarquables sur l'utilisation, la fonction et la gestion du vétiver. Ces dernières années, des scientifiques australiens et thaïs ont souligné l'utilisation du vétiver pour la prévention des problèmes environnementaux résultant des minéraux toxiques. Simultanément, des agriculteurs, comme les grands planteurs de canne à sucre en Afrique du Sud, et des petits planteurs en Ethiopie, Inde, Chine, Amérique Centrale et aux Philippines ont tous confirmé le potentiel que renferme le vétiver pour la conservation du sol et de l'humidité.

Specification Technique du Vetiver

Nom: Vétiver (Anglais), Khus Khus (Urdu/Hindi), Secate violetta (Espagnol), Xieng Geng Sao (Chinois), Mora (Philippines).

Famille: Graminées: Vetiveria zizanioides, V. nigratana, V. nemoralis

Origine: V. zizanioides pour 1' Asie sous-continentale; V nigratana dans le sud de l'Afrique, V.nemoralis en Asie du Sud-Est.

Utilisation: Huiles aromatiques extraites des racines de vétiver pour l'industrie du parfum, couverture des chaumes, fourrage (si bien entretenu), paille pour l'industrie du papier, conservation du sol et de l'humidité, stabilisation des digues et des terrains, plantes médicinales.

Présentation: Plante pérenne jusqu'à 2m de hauteur, avec un système d'enracinement dense et vertical, mesurant parfois plus de 3m. Hydrophyte par nature, mais peut se développer sous des conditions xérophytiques.

Climat: Température: Moyen 18-25 0C; Moyen pendant la période la plus froide S 0C; Minimum absolu -15 0C. Quand le sol gèle, la plante meurt généralement. La croissance se fait au-dessus de 120C; températures d'été requises pour une croissance rapide (25 0C+)

Précipitation: aussi basse que 3OOmm, de préférence supérieure à 7OOmm. Résiste à la sécheresse mais exige normalement une saison humide d'au moins trois mois. L'idéal est une précipitation qui s'étend sur des mois. 

Humidité: pousse mieux dans des conditions humides, mais peut également se développer sous une faible humidité. Rayons solaires: se développe difficilement à l'ombre; quand l'ombre se retire, la croissance est rapidement rattrapée.

Sol: pousse plus rapidement sur des sols sableux, profonds et gras. Peut cependant pousser sur tous les types de sols, allant de vertisols fissurés aux alfisols rouges. Peut pousser sur des blocs acides (pH3) et alcalins (pHi 1). Tolère les toxicités minérales élevées - aluminium, manganèse (SSOppm). Peut parfaitement survivre en submersion pendant trois mois. Peut également pousser dans les bas-fonds.

Altitude: supérieure à 2.OOOm; gêné par les basses températures en haute altitude.

Système d'enracinement: Système massif généralement vertical qui n'envahit pas les habitats avoisinants. Sous bonne condition, les racines peuvent atteindre 3m de profondeur, et la masse peut devenir importante sous les barrières au sol. Les racines pénètrent les roches désagrégées en horizon C, et suivent les fissures des roches non désagrégées. Les racines sont très résistantes et peuvent rassembler plusieurs strates.

 Type d'utilisateurs: Grands et petits agriculteurs, conservateurs, autorités de l'eau, ingénieurs routiers, industrie du parfum, médecine traditionnelle, etc.

 Variétés et plants: on dénombre 12 variétés connues de vétiver et plusieurs centaines de plants renfermant des différences phénotypiques distinctes qui peuvent être exploitées par des utilisateurs en fonction des besoins. A titre d'exemple, les plants ayant des racines épaisses peuvent résister aux vélocités de l'eau, et sont probablement les meilleurs moyens pour contrôler les creux formés par l'érosion. Les plants plus légers et plus renversés serviront plutôt de fourrage.

Propagation: par division des racines. Si les plants se présentent sous forme de haies existantes, celles-ci peuvent être divisées. Dans des situations de rareté, il faut recourir aux pépinières pour les multiplications. En fonction de la précipitation et du sol, une bouture peut produire 50 à 100 nouvelles boutures en six mois. Certains plants n'ont pas de fleur, d'autres en ont, mais ont des graines stériles, d'autres ont des graines fertiles (il faut éviter d'utiliser ce dernier type). Au cas où les terrains sont très instables comme les digues ou les creux, avec un courant d'eau très fort, il serait plus approprié de planter le vétiver dans des conteneurs, par exemple dans des sacs plastiques de 4". Cette méthode présente l'avantage d'une croissance instantanée des cultures transplantées, plutôt que d'avoir une période où le plant sans racine meurt.

 Culture: la plantation des haies doit se faire au début de la saison humide quand le sol a été bien imbibé. 2-3 boutures doivent être plantées dans chaque station, les stations étant éloignées les unes des autres par une distance de 10 à 15 cm. Les haies doivent être éloignées les unes des autres d'une distance verticale de 2m. Sur des terrains plats, la distance peut être réduite à lm. Il faut veiller à choisir des boutures de bonne qualité, et elles doivent être plantées dans les trois jours qui suivent leur enlèvement des pépinières, de préférence le jour même. Les boutures ne doivent pas sécher et doivent être protégées du soleil. Pour 100 mètres de haies, il faut à peu près 2.000 à 3.000 boutures. Dans des conditions de sécheresse extrême (<7OOmm), il faut planter les boutures de vétiver dans des petits rigoles en "v" ou retourner les terres pour avoir plus d'humidité lors de la plantation.

 Ombre: Si on ne dispose pas de plant qui tolère l'ombre, ce qui est rare, il faut planter le vétiver à l'ombre. Le niveau de tolérance augmentera ultérieurement jusqu'à 50%. La récupération sera également plus rapide Si l'ombre est retirée.

Engrais: le vétiver poussera mieux Si environ 100kg de FYM est utilisé sur 100 mètres de haies lors de la plantation. Si on ne dispose pas de FYM, il faut utiliser le phosphate diammonium à raison de 10kg par mètres. Le FYM présente l'avantage d'améliorer l'humidité dont le jeune plant de vétiver a besoin au moment de la plantation. FYM ou DAP peut être utilisé librement dans les pépinières avant la culture des plants pour la multiplication. Pour ce qui est des plants dans les conteneurs, il faut libérer graduellement NPK pour optimiser le taux de croissance. Cette méthode n'est toutefois pas indispensable. Il n'est pas nécessaire d'utiliser des engrais pour entretenir le vétiver une fois que les haies sont bien établies.

 

Rendement: Huile aromatique: 1-1,5% du poids à sec des racines extraites pour la distillation. Feuilles: le niveau de rendement sous des conditions fertiles et humides (irriguées) peut atteindre 100 tonnes par hectare. Le rendement normal est de 15-30 tonnes par hectare. Peste et maladie: le vétiver résiste généralement à la plupart des maladies et de la peste. Des foreurs de riz ont été remarquésen Chine. Le vétiver ne peut apparemment pas résister aux maladies quand il est faible et ne se développe pas bien, notamment dans les sols de bas-fonds sujets à sécheresse. Dans ce dernier cas, l'attaque des champignons peut être dangereuse. Les termites n'attaqueront que les parties sèches ou mortes du vétiver. Si l'attaque est importante, les petites montagnes créées par les termites peuvent étouffer le vétiver. Dans ce cas,il faut brûler les haies tous les ans pour réduire de tels incidents.

Longévité: le vétiver est connue pour avoir une longue vie. La période la plus longue enregistrée est de 60 ans (dans la Station de Recherche de Msamfu en Zambie).

 Disponibilité des plants: on peut trouver le plant de vétiver dans la plupart des pays tropicaux et semi-tropicaux. L'introduction du plant s'est parfois fait par l'entremise de l'industrie d'huiles essentielles et aromatiques. Les herbariums nationaux et universitaires ont souvent le vétiver parmi leurs collections, et peuvent fournir leur nom local. Les médecins traditionnels peuvent connaître la source du vétiver, mais peuvent ne pas reconnaître la plante comme étant du vétiver. On peut souvent trouver le vétiver dans les pays ayant des industries de canne à sucre bien implantées dans la mesure où celles-ci ont utilisé le vétiver pendant des années pour la conservation du sol. De bonnes sources de vétiver sont connues dans l'Est et le Sud de l'Afrique, en Inde, en Thaïlande, en Indonésie, en Chine, aux Caraïbes, en Amérique Centrale et Australe, et aux Etats-Unis. A ne pas oublier qu'il faut utiliser le vétiver sans grains ou stériles.

Coût d'établissement: Le coût d'établissement du vétiver repose largement sur le niveau de salaire des mains d'oeuvre. Dans la plupart des pays où la main d'oeuvre s'élève entre 1 - 1,5 Dollar US par jour, le vétiver peut être établi à raison de 3 Dollars US pour cent mètres de haies. La culture en conteneur peut être dix fois plus élevée. Les agriculteurs qui disposent d'une source de vétiver dans leurs terres, ou des pépinières, peuvent creuser et planter entre 100 et 200 mètres de vétiver par jour. Une bonne pépinière peut produire plus de 2 million de boutures par hectare par an pour couvrir 50km de haies.

Impact sur les pertes en sol: les données recueillies auprès de différents sites montrent que le niveau d'érosion peut être réduit à un niveau acceptable de moins de 3 tonnes/ha de sol perdu par an.

Impact sur la réduction de l'écoulement des eaux de pluie: les recherches indiquent que l'écoulement des eaux de pluie peut être réduit jusqu'à 60-70% de la précipitation enregistrée. La variation est assez élevée, et dépend des pentes, de l'intensité de la précipitation, et du taux d'infiltration potentielle et de la capacité de rétention en eau du sol dans les sites.

 Taux de recouvrement du sol: il n'y a pas encore eu beaucoup de recherche dans ce domaine, mais on peut observer un taux de recouvrement de 30% sur les zones non protégées grâce à l'utilisation du vétiver.

 Augmentation du rendement à la culture: les recherches et les données sur le domaine agricole indiquent que dans la majorité des cas, on enregistre une augmentation significative de 15 à 60% du rendement à la culture grâce à l'utilisation des haies de vétiver. L'augmentation du rendement est variable et dépend de la précipitation et du type de sol. Les risques d'échec de culture sont réduits. A noter que dans la plupart des cas, le vétiver ne concurrence pas avec les autres cultures adjacentes en terme d'humidité et de nutriments.

 Contrôle de la pollution: des recherches sur terrain entreprises en Australie ont montré que le vétiver tolère bien les métaux lourds comme l'arsenic, le cuivre, le manganèse, le cadmium, le plomb, et le chrome. Le vétiver a été utilisé pour stabiliser les déchets toxiques contenus dans les mines d'or, dans les décharges municipales, etc.

 

CE QUE DISENT LES UTILISATEURS DE VETIVER EN PHILIPPINES

Les témoignages suivants ont été recueillis auprès des utilisateurs de Vétiver (Vetiveria zizanjoides) lors de l'Atelier sur les utilisateurs de Vétiver tenu le 24 Mai 1996 à Matalom, Leyte aux Philippines. Dans cette région des Philippines, Vétiver est connu sous le nom de "Mura" ou "Mora"

Préparé par Edwin Baîbarino, Coordinateur de Programme, FARMI, VISCA, Baybay, Leyte, Philippines. Email: "B albarino, Edwin" <vnp-edAmozcom.com>

 Eco-descriotion: pentes raides, sol acide, précipitation élevée, sujet aux cyclones, écoulement élevé, sol en dégradation, déforestation, feux de végétation, manioc, maïs, riz, patate douce.

Leon Pen, Président de Barangay, Templanza, Matalom, Leyte. "Je me suis procuré mes premiers planta de Mura (Vétiver) de la part d'un des membres de mon Conseil, Jacinto Gerona. J'ai planté Mura dans un terrain à côté de ma maison. Mura est facile à planter et n exige pas beaucoup de soins. La plante se développe bien et contrôle vraiment l'écoulement du sol lors de la saison des pluies. Actuellement, les parcelles qui entourent ma ferme ont été relevés en hauteur. En outre, j'utilise également Mura pour guérir les hypertensions artérielles dans mon métier de Tambalan (guérisseur local). Le seul commentaire que j'ai sur Mura est que mes carabaos (buffles d'eau) ne l'aiment pas". (Si vous coupez Mura régulièrement, tous les mois par exemple, votre carabaos aimeront le manger.. .Ed).

Irene Pria, Responsable: Association Féminine Rurale, San Salvador, Matalom, Leyte..."Les travailleurs de FARMI m'ont procuré les planta de Vétiver en 1991. Au début, c'est-à-dire les deux premières années de l'établissement, je n'ai pas taillé les haies de Mura. Je me suis ensuite rendu compte que la plante était résistante et pouvait bien contrôler l'érosion du sol. Maintenant, mes haies de Mura sont bien entretenues grâce à la taille avant la floraison. Tailler la plante (pendant et non avant) est laborieux car la racine est déjà dure. J'ai placé l'herbage le long de la partie supérieure des haies pour pouvoir retenir le sol pendant la saison des pluies. J'utilise les autres herbages comme paille pour mes patates douces. Je peux également dire que la merveilleuse contribution que j'ai reçue de Mura est d'avoir arrêté la chute de mes cheveux". Remarque: Les participants à l'atelier, ainsi que des amis ont certifié qu'Irene a vraiment souffert de cette chute. Elle connaît la formule/technique d'utilisation qu'elle partagera avec les personnes intéressées. ("les chauves" sont conseillés d'entrer en contact avec Irene. . .Ed).

Gertrudes Indeno, paysanne de 67 ans, Altavista, Matalom, Leyte... "J'ai été la première à planter Mura dans mon barangay (village). J'ai remarqué que les parcelles entourant ma propriété ont augmenté de niveau trois ans après la culture de Mura. Je crois vraiment que le Vétiver est très efficace pour le contrôle de l'érosion. Il est facile à planter et à entretenir. Pour entretenir la plante, je n'ai qu'à brûler les haies à la fin de l'été, et moins de cinq jours après, la plante commence à repousser. J'ai prouvé moi-même que Mura peut pousser sur n quel type de sol. J'ai planté six lignes de Mura en Anapogon dont le sol est calcaire, et la plante pousse très bien". Remarque: les terres de Nang Itring présentent une pente de 25-40 degrés.

Nemasia Purgatono, Présidente, Association Féminine, Elevado, Matalom, Leyte...."Mes

terres ne sont peut-être pas aussi abruptes que celles des autres agriculteurs, mais j'ai quand même remarqué la capacité de Mura à contrôler l'érosion du sol. Une fois bien établie, la plante est difficilement tuée par les herbes "cogon" (Imperata cylindrica), contrairement aux autres espèces de haies. Mura est facile à entretenir. Il ne pousse que dans la ligne de contour où il est planté. Je taille Mura avant la culture de maïs ou de patate douce, ou avant la préparation de la terre. J'utilise également Mura pour couvrir le toit de mon Paybag (étable)".

Rubeho Mazo, Punta, Baybay, Leyte. . . "Par expérience, je pense que Mura n'est pas efficace à moins d'utiliser la cadre-A dans la délimitation du pourtour. La taille est également très importante. Mura doit être taillé avant la culture de maïs ou de camote pour éviter l"'awong" (compétition pour l'obtention de rayons de soleil). Si la haie n'est pas taillée, il pourrait y avoir des dangers de brûlure accidentelle des haies matures quand les plantes sont encore dans les allées. L'herbage éparpillé le long de la base de la haie aide également àempêcher le l'écoulement du sol lors de la saison des pluies. Venez visiter mes terres. Je suis sûr que vous remarquerez la différence entre les cultures avec haies et les cultures sans haies de Mura

Santiago Llones, Punta, Baybay, Leyte J'aime bien Mura parce qu'il est facile à planter et à entretenir. Je ne taille pas mes haies, mais les brûle plutôt car j 'ai remarqué que la plante pousse plus vigoureusement après avoir brûlé. Je ne pense pas que brûler Mura puisse nuire àla fertilité du sol. Son effet peut être observé par la bonne santé du maïs le long de la partie supérieure des haies. Mura n'accapare pas les rayons de soleil et les nutriments du sol normalement utilisés par le maïs"

Norberto Indeno, Président de MAFUD, San Salvador, Matalom, Leyte.... "Mes terres se trouvent à côté (au-dessus) de ma petite rizière pluviale. Je suis totalement convaincu de la capacité de Mura à maîtriser l'érosion du sol. Avant, il y avait un grand creux dans mes terres, mais 4 ans après avoir planté quelques lignes de Mura, ce creux n'est plus visible. La seule raison qui retient les agriculteurs d'utiliser Mura est que la plante a apparemment un goût désagréable pour les animaux, sauf pendant la saison aride où les herbes sont rares. En 1 992,pendant la saison aride de sept mois, les Mura brûlés n'ont pas pu repousser. J'utilise Mura comme pare-vent pour le riz et comme nid pour les poules. Il faut tailler Mura pour empêcher les oiseaux Maya de nidifier sur les haies." Remarque: Maya est cet oiseau rouge-brun que les planteurs de riz considèrent comme une vraie peste.

Orné NASA, Punta, Baybay, Leyte.... "J'ai remarqué que les agriculteurs dans le barangay qui n'utilisent par Mura pour les haies de contour doivent fréquemment changer de terre. Pour ma part, je n'ai pas changé de terre pendant cinq ans déjà. La raison pour laquelle ils ne cultivent pas Mura est que la terre qu'ils cultivent ne leur appartient pas. J'ai remarqué que Mura est facilement dominé ou envahi par Kudzu surtout quand il n'est pas bien entretenu. (Pour les planificateurs, il faut souligner l'importance de la tenure foncière ou de son absence notamment en ce qui concerne la conservation à plus long terme des technologies. Par ailleurs, comme nous avons mentionné auparavant, les haies de vétiver combinées à d'autres pratiques peuvent être la réponse aux problèmes de feux de végétation. Ed).

Margarito Maso, Punta, Baybay, Leyte.... "Je suis totalement convaincue que la culture de vétiver est le meilleur moyen de maîtriser l'érosion du sol. J'ai fait une expérience simple sur mes terres en laissant une partie sans haie de Mura. En quelques saisons seulement, la différence en terme d'érosion du sol s'est bien fait sentir. J'ai remarqué que le sol retenu à la base supérieure des haies avait une épaisseur de 2 pieds. Des creux ont été observés dans la partie non contournée."

Felipe Itallo, Punta, Baybay, Leyte.... "Mon expérience avec Mura est dans les rizières de paddy et non dans les cultures à hautes terres. Nous avons utilisé Mura pendant des dizaines années pour stabiliser les digues des rizière. Mura est vraiment résistant et dure éternellement. Il repousse même quand il est couvert de boue. Les agriculteurs n'ont qu'à brûler Mura après la récolte pour éloigner les rats et les oiseaux."

Bonifacia Gura, Matalom, Leyte... "Au début, nous avons utilisé des murs de roc comme système de contrôle de l'érosion dans nos terres. Nous avons également planté Ipil-ipil (Leucanaena leucocephala) le long de ces murs. Après plusieurs années, nous avons enlevé ipil-ipil car les racines rendaient la préparation de la terre difficile. Pendant cette période, FARMI a introduit Mura pour servir de haies de contour pour maîtriser l'érosion. Alors j'ai essayé cette plante en remplacement de ipil-ipil. Nous aimons bien Mura car la plante reste là où elle est cultivée, elle est facile à planter et résiste à de longues sécheresses. Une des principales caractéristiques qui font que Mura est un moyen idéal pour contrôler l'érosion est le fait que la plante repousse rapidement ou produit des racines au niveau des noeuds, permettant ainsi d'avoir de vraies bandes de contour et des stabilisateurs des contremarches". (Cette dernière observation est excellente, et illustre exactement la raison pour laquelle Mura est vraiment un stabilisateur efficace.. .Ed).

 Concepcion Pada, San Salvador, Matalom, Leyte. . . "Je n'ai pas entretenu (taillé) mes haies de Mura depuis la culture car j'ai mis ma terre enjachère pendant cinq ans. J'ai cependant remarqué que l'herbe existe toujours cinq après sa plantation. Maintenant, ma haie de Mura est déjà bien épaisse. Je compte ouvrir ma terre une nouvelle fois et tailler Mura".

Nesias Galia, Hitoog, Matalom, Leyte. . . "Ma terre se situe en aval de la route du barangay (village). Pendant la saison des pluies, l'eau s'écoule vers ma terre et provoque de grand creux. Pour y remédier, j'ai formé des bandes de contour et planté Mura et Napier le long de ces bandes. J'ai remarqué que les maïs plantés à côté du Mura produisent plus d'épi que ceux qui ont été plantés à côté de Napier. Les racines de ce dernier s'étalent sur toutes les allées.

On peut retenir les haies de Mura seulement en coupant régulièrement la plante à la base ou àla racine. La plante doit être coupée et nettoyée régulièrement pour empêcher les mauvaises herbes comme Bokot-Bokot (Micania cordata) de la dominer et finalement la tuer."

(Magazine Vétiver N0 16)

LE VETIVER ET LA CONSERVATION DU SOL EN PURISCAL - COSTA RICA

Ecrit par Marco Rojas, Etudiant à l'Université E.A.R.T.H. (Ecole Agricole Régionale des zones Tropicales Humides), Guacima - Costa Rica

Eco-description: précipitation d'environ ]2OOmm, sol rouge acide et abrupte, taux d'érosion élevé, café, maïs, haricots, tabac, horticulture pérenne comme les mangues ou le litchis.

Situé à 45km au sud-ouest de la capitale de San José, le district du Puriscal est une région fortement érodé, dont la majeure partie du territoire a été déboisé pendant de nombreuses années, pour faire place à la plantation de café et de tabac, ainsi que pour servir de pâturage au bétail. La région est caractérisée par une topographie irrégulière prédominante, avec des pentes de plus de 40% et des sols ayant des horizons A minces ou non existants. Dénué de la couverture végétale, le sol est facilement érodé dû au pâturage excessif du bétail. Le sol est ensuite abandonné car n'est plus productif.

En 1980, certains projets agricoles supportés par la CEE (Communauté Economique Européenne) ont intégré la conservation du sol. La citronnelle a été suggérée comme haie vive de par sa propriété supposée de pouvoir générer des revenus en tant que plante médicinale. Outre la citronnelle, itabo (Yuca elephantipes) et la canne indienne (Dracaena frangans var. massageana) ont été introduites grâce à leur potentiel générateur de revenus en tant que cultures exportables. La peste et la maladie ont tôt fait d'envahir ces cultures (les haies de citronnelle ont été décimées par l'attaque des champignons et des insectes). Des investissements supplémentaires ont été nécessaires pour contrôler la maladie. En outre, la culture est difficilement commercialisable, et les agriculteurs les ont abandonnées ou éliminées. Par ailleurs, ces systèmes n'étaient pas assez résistants pour assurer la rétention du sol, et d'importants volumes de terre ont toujours été emportés par l'érosion. Enfin, dans de nombreux cas l'itabo et la canne indienne ont été prévus pour être des monocultures et non des intercultures. La faiblesse du potentiel commercial a fait que les cultures ont été rapidement abandonnées.

D'autres systèmes de haies ont été utilisés, notamment le king grass (Pennisetum hybridum), et Arachis pintoii a servi de couvert végétal. Ces cultures n'ont pas reçu l'acceptation générale, car elles se propagent trop et envahissent les autres cultures existantes.

La CEE, par l'entremise du Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage et le Ministère des Ressources Naturelles de l'Energie et des Mines, a introduit le vétiver en tant que barrière végétal et en tant que mesure de conservation du sol dans les projets agricoles. Connu sous le nom de "violeta" en Costa Rica, le vétiver s'est bien adapté à la région et a donné des résultats concluants. Un problème rencontré avec le vétiver est que la culture est balancée auprès des agriculteurs qui ont tôt fait de laisser la plante mourir. Autrement, les agriculteurs qui utilisent le vétiver sont satisfaits du résultat.

Commentaires des utilisateurs

Mr. Edén Delgado de la communauté de San Antonio commente: "La plante pousse très rapidement et en peu de temps forme une vraie terrasse, preuve de sa bonne fonction. Je n'ai qu'à la tailler au niveau du sol à la fin de l'hiver et en 22 jours la plante repousse déjà."

Mr. Victoria Madrigal de la communauté de San Juin témoigne: "Ce vétiver résiste à la sécheresse, retient la terre et le reste des taillis peut servir de 'bocachi' grâce à sa rapidité de décomposition. "(Remarque: Bacachi est un engrais fermenté obtenus à partir des déchets alimentaires, des tubercules et d'autres déchets végétaux avec des compositions riches en carbohydrates, protéines, sucres, etc. La fermentation de ces déchets favorise la croissance de micro-organismes qui entrent dans la décomposition, stimulant ainsi la croissance des cultures. L'accroissement des micro-organismes améliore la qualité de la terre de façon bénéfique. Ce système est utilisé à grande échelle en Amérique Centrale).

En ce qui concerne les autres haies, le vétiver exige moins de main d'oeuvre. Ecoutons les commentaires de Mr. Dano Sarmiento de San Juan: "Il n'y ajamais eu de maladie, et je n'ai jamais utilisé d'engrais. Les résultats étaient tellement satisfaisants que j'ai décidé d'étendre mes haies sur ma plantation de café des deux côtés des terrasses.

Mr. Joel Levia du Bajo de la Legua convient que le vétiver exige très peu de main d'oeuvre. Il témoigne en outre: "Cette plante pousse très rapidement, et quand je la brûle en été, la plante repousse comme Si de rien n'était."

La majeure partie des utilisateurs dans la région sont de petits agriculteurs, et vétiver est utilisé dans différentes cultures. Mr. Antonio Mora de Bajo de la Legua nous raconte: "Je plante du tabac dans ma propriété, et cette culture ne doit jamais avoir de mauvaises herbes. J'ai planté cette violeta (vétiver) que je me suis procuré dans une autre ville pour retenir le sol. A la fin de la récolte du tabac au début de l'hiver, j'ai planté du maïs et des haricots pour bien profiter de la terre."

Mr. Buenaventaure Vargas de Carcon ajoute par ailleurs: "J'ai travaillé longtemps avec la citronnelle, mais la plante se propage facilement et j'ai fini par arrêter. J'ai obtenu 'violeta' auprès d'une ferme à côté d'ici, et l'ai planté. Avec juste une plante, on peut avancer rapidement. Ces haies ont maintenant huit ans, et mon secret pour les entretenir est de ne rien faire d'autre que des les couper tous les ans. Vous pouvez voir les bons résultats."

Une observation de Enrique Martinez de Fundacion Ecotropica a révélé que certains agriculteurs utilisent des engrais pour le vétiver pour assurer sa bonne croissance, mais cette méthode exige beaucoup de travail lors de la tailles. Un inconvénient avec le vétiver est que la taille des haies est un travail ardent. Les feuilles ont des contours tranchants et gênent les travailleurs quand ils sont à côté des haies. D'autres plaines ont révélé que les haies forment un abri pour les serpents et les rongeurs, envahissant ainsi l'espace pour les cultures et obstruant les chemins à l'intérieur des terres.

Une situation malheureuse a été vécue à l'Ecole Agricole de Puriscal où les haies de vétiver ont été utilisées depuis longtemps. Récemment, les haies ont été déracinées et enlevées par souci d'éviter la main d'oeuvre excessive pour la taille, et préserver la peau des travailleurs contre les entailles provoquées par les feuilles. Le problème était qu'aucune solution n'a été identifiée pour remplacer le vétiver et conserver le sol. Une école doit nécessairement donner le bon exemple et être le pionnier de l'éducation en matière de conservation du sol, surtout dans la mesure où elle peut influencer les générations futures qui dirigeront le destin du pays. La plante de Vétiver est connue de presque tous au même titre que ses propriétés de conserver le sol. Cependant, son utilisation ou non en tant que barnêre dépend de la volonté de l'agriculteur de remédier à ses problèmes d'érosion.

L'utilisation du vétiver comme haie de conservation se répand très lentement. La lenteur d'acceptation est due à un manque de connaissance de la part des agriculteurs, ainsi que le manque de plants. La décision d'utiliser ou de ne pas utiliser vétiver ne dépend pas uniquement de l'importance de l'agriculteur (petit ou grand), et le choix de l'utilisation varie d'une personne à l'autre. Le vétiver est principalement utilisé pour protéger le café, le tabac, les haricots et le maïs, mais son utilisation peut s'étendre à la protection des routes, des pentes et des terrains de football. Les agriculteurs doivent être sensibilisés sur les bénéfices à long terme de la conservation du sol. Ils doivent se rendre compte que tout système de conservation exige un certain niveau d'entretien et d'espace. Plus particulièrement, les agriculteurs doivent bénéficier d'alternatives présentant plus de profits avec moins de main d'oeuvre.

 

SELECTION PARTICIPATIVE DU VETIVER COMME MEILLEUR MOYEN DE CONTROLE DE L'EROSION DANS LES SYSTEMES DE CULTURE DU MANIOC EN VIETNAM ET EN THAILANDE

"Reinhardt H. Howeler, Nguyen The Dand et Wilawan Vongkasem"E.mail: Reinhardt Howeler" <CIAT -BANGKOK A CGNET.COM>

Eco-descripti on: précipitation 900-1200 mm, sol rouge acide, taux élevé de dégradation du sol et des nutriments, manioc, maïs, caoutchouc

AbstractResearch a identifié différents moyens de réduire l'érosion dans les systèmes de culture du manioc, notamment les haies de contour de vétiver. Cette pratique est cependant peu observée par les agriculteurs. Pour renforcer l'adoption des pratiques de conservation du sol par les planteurs de manioc, une méthodologie de recherche participative a été utilisée dans deux sites pilotes chacun en Thaïlande, Vietnam, Chine et Indonésie pour tester et sélectionner les pratiques les plus efficaces. Les agriculteurs en Thaïlande et Vietnam ont choisi les barrières contours de vétiver parmi les 4-5 traitements qu'ils ont choisi de tester dans leurs propres terres.

Après la récolte des essais et une discussion des résultats, les agriculteurs dans tous les trois villages en Vietnam ont choisi le traitement au vétiver comme étant le moyen le plus efficace

pour augmenter les profits et réduire l'érosion. Bien que dans un site le vétiver n'ait pas favorisé les rendements ou les revenus du manioc, les planteurs dans les deux sites ont sélectionné le vétiver comme étant le moyen de traitement le plus utile. Dans les deux pays, les planteurs ayant participé à la sélection, convaincus par les bénéfices obtenus grâce aux barrières de vétiver, ont demandé des plants supplémentaires pour leurs terres.

COMMENTAIRES RECUS DE LA TANZANIE. LE PROJET DE CONSERVATION DU SOL ET DE L'EAU DU DISTRICT DE HIMA A ETE LANCE EN 1990

Eco-description: précipitation 1000 mm, sol acide, topographie ondulante à abrupte, sols dégradés, sérieux problèmes d'érosion, café, maïs, légumes.

A propos des terres et des mesures de conservation de l'eau

Depuis le lancement du projet pendant la saison 1989/90, plusieurs mesures de conservation du sol et de l'eau ont été essayées, à savoir:

Les méthodes de conservation biologique et agronomique où les lignes de contour des haies sont plantés de vétiver (Vetiveria zizanioides) et de Makarikari (Makarikariencis). Les agriculteurs sont également encouragés à planter Guatemala et Napier. Les pratiques de bandes non cultivées et de déchets sur les lignes de contour ont également été adoptées dans les villages du projet.

Les méthodes de conservation physique du sol comme les terrasses de Fanya Juu (limites de contours excavés), les canaux de raccourci et l'agriculture en sillon ont également été testés. D'autres mesures comprennent la protection des creux comme la mise en place de graviers et des barrages en brindilles à travers les creux.

Les méthodes de conservation intégrée du sol et de l'humidité par la combinaison de deux ou plusieurs mesures simultanément et dans la même zone, notamment:

la mise en place de lignes de contour de déchets plantées de vétiver les terrasses de fanyajuu plantées de vétiver sur les mêmes lignes lignes herbes avec lignes déchets et arbres agroforestiers espacés plantation de vétiver ou de Napier, gabions pour protéger des creux ne pas toucher aux creux pour laisser place à la régénération naturelle.

 

Formation des Agriculteurs et protection au sein des sous bassins versants.

Avant de se lancer dans la conservation du sol et de l'humidité, les agriculteurs sont formés et sensibilisés dans leurs villages respectifs aux processus d'érosion, effets de l'érosion et la résolution des problèmes par une technologie simple et durable basée sur les matériels disponibles. Les agriculteurs sont capables de mettre en place les lignes de contours et de les stabiliser.

 La réponse d'adoption des agriculteurs aux séances de formation est satisfaisante, mais le taux d'adoption de la technologie est modéré. Présentement, plus de 1600 agriculteurs ont essayé une ou plusieurs méthodes de conservation du sol et de l'humidité sur une zone de 530 ha, avec environ 190.000 mètres de lignes contours dont 85% sont plantés de Vétîver.

 Les mesures de conservation du sol et de l'eau appréciées des agriculteurs. Mesures de conservation intégrée du sol et de l'humidité, mise en place de lignes contours de vétiver, lignes de déchets plantés de vétiver, terrasses de Fanya Juu stabilisées par le vétiver, Napier ou Guatemala. Les agriculteurs ont expliqué lors d'une évaluation simple de l'adoption de ces mesures qu'ils préfèrent ces méthodes, particulièrement les haies de vétiver, dans la mesure où celles-ci sont facile à adopter, ne requièrent pas beaucoup de main d'oeuvre, les plantes forment une haie/barrière permanentes qui peuvent rester en place pendant plusieurs années et réduisent l'érosion. Ils ont également encouragé le taux amélioré d'infiltration pour réduire la vitesse d'écoulement des haies. Les agriculteurs ont, en outre, pu apprécier une augmentation de la production par unité dans les terres bien entretenues. Ils ont par ailleurs avancé que le vétiver pousse très verticalement et ne gênent que très peu les autres cultures. Il est facile de former les terrasses car on atteint 30-40 cm en deux ou trois saisons uniquement. Le vétiver pousse très bien même dans les zones sujettes à sécheresse ou rarement utilisées pour le pâturage. Il peut également être utilisé pour couvrir les chaumes des maisons. Certains agriculteurs tirent par conséquent un avantage pécuniaire en le vendant à leurs voisins.

Rédigé par S.I.E. Mgalamo, Responsable de l'utilisation foncière et de la conservation du sol, District d'Iringa, B.PB 1187 Iringa, Tanzanie. Arif Qaraeen, Conseiller Technique, Région d'Iringa, BP. 1187, Irnga, Tanzanie. Tél. 2404

(Magazine du Vétiver N0. 16)

METHODES DE VULGARISATION DU VETIVER EN EL SALVADOR

Eco-description: précipitation élevée, sol acide, taux d'érosion élevé, nutriments dégradés, café, maïs, haricots.

Situé en Amérique centrale, El Salvador a une densité démographique élevée de 270 habitants/km2. On remarque un taux élevé de pauvreté rurale, une compétition âpre pour les terres fertiles, et de sérieux problèmes environnementaux. Plus de 3/4 de la production nationale des graines de base se font dans des petites terres situées dans les collines éloignées.

La dégradation du sol et des ressources naturelles affectent les revenus ménagers de milliers d'agriculteurs, les systèmes hydroélectriques, les sources d'eau potable et les zones côtières. Pour faire face à ces problèmes, des pratiques accrues de conservation du sol ont été adoptées, ayant abouti à une forte demande pour le vétiver.

Créée en 1994, NOBS Anti-érosion est une compagnie privée qui s'investit dans la promotion du vétiver pour la conservation du sol dans les collines. La compagnie est forte de 140 institutions et de 110 projets dans le pays. Parmi les principales activités figurent le transfert de technologie et la vente de plants végétaux pour les haies vives. Ces activités sont mises en oeuvre à travers des programmes intensifs de communication et par le biais d'une équipe de spécialistes en vulgarisation.

NOBS a effectué une étude de cas sur le transfert des technologies du vétiver dans une région du sud-ouest d'El Salvador. Un groupe sélectionné d'agriculteurs à petite échelle a été formé en matière de développement et de gestion du vétiver pour une conservation durable du sol. Les agriculteurs ont reçu des plants pour 2 ans afin de mettre en place des parcelles de reproduction. Ils ont ensuite commencé à transférer ledites technologies vers leurs voisins. Un groupe de 220 agriculteurs est actuellement en train de tester ces technologies. 71% des agriculteurs affirment que le vétiver contrôle l'érosion. 18% ont remarqué que le vétiver favorise l'accroissement de la production agricole en augmentant l'humidité du sol. 82% des agriculteurs continueront à utiliser le vétiver pour la conservation du sol.

Ricardo Hernandez, William McDowell et Joacquim Santamaria. NOBS, El Salvador (Atelier national sur le vétiver, Fuhzou, Chine)

Encore de NOBS (Magazine du Vétiver N0.17)

La culture

Depuis sa création, NOBS a travaillé avec environ 90 projets opérant dans le contrôle de l'érosion, et ce en collaboration avec les ONG, le Ministère de l'Agriculture, les compagnies et industries de construction. Leur participation aux projets allait de la promotion de la haie de vétiver, passant par l'assistance technique et la formation, pour finir à la fourniture de plants.

Actuellement, NOBS a plus de 150 ha de terre plantée de vétiver pour la production d'huile et la production de matières servant à maîtriser l'érosion. La majeure partie des terres sont privées ou louées sur les plaines côtières au sud du Volcan Chinchontepec à San Vincente et du volcan Chaparrastique à San Miguel. Le plan de vétiver pour le contrôle de l'érosion est en fait un produit dérivé de la production d'huile. En effet, la plante entière doit être enlevée pour pouvoir extraire l'huile contenue dans les racines. Chaque année, NOBS dispose d'environ 8Oha de vétiver à vendre comme stock de culture.

Il est intéressant de remarquer que NOBS utilise une plante qui fleurit généralement. Il n'y eut cependant aucune indication de production de graines viables. En effet, pendant 14 années, la plante ne s'est étendue que dans les lieux où elle a été cultivée. Il est utile de souligner que les vétivers dans le nord de l'Inde sont ceux qui fleurissent souvent, et dont l'huile est connue sous le nom de "khus". Dans le sud de l'Inde par contre, les vétivers ne fleurissent pas et sont utilisées normalement pour la production à grande échelle d'huile de vétiver. Les agriculteurs préfèrent le vétiver du sud pour les haies, tandis que ceux du nord utilisent le vétiver local dans de nombreux programmes de contrôle de l'érosion.

La culture et la récolte des plantes/racines de vétiver ont été semi-mécanisées. Une simple charrue est utilisée pour retourner la terre qui recevra les nouvelles cultures qui seront plantées à la main. Pour la récolte des racines, une des deux méthodes ci-après est utilisée en fonction du site:

(i) un sous-solier est utilisé pour déraciner les plantes;

(ii) quelque chose qui ressemble au récolteur de pommes de terre est utilisé. Le matériel déracine les plantes, les tourne dans un cylindre pour dégager et enlever la terre restant sur les racines.

Expériences pratiques

L'expérience pratiquée par NOBS sur le vétiver a produit des résultats intéressants en termes de dégâts causés par les insectes ou les rongeurs. Des termites rongeurs de feuilles ont été remarqués sur le vétiver nouvellement planté mais seulement quand celui-ci est planté sur un nid déjà existant. Le vétiver planté sur une zone sans rongeurs n'est ni mangé ni endommagé. Dans les zones à terre riche et fertile avec des taupières, les racines de vétiver sont endommagées. Par ailleurs, des foreurs ont été remarqués dans les plantations de canne et de maïs. Dans les sites humides, les foreurs pondent leurs oeufs dans le vétiver, et ce dernier devient ainsi un abri alternatif pour les foreurs. Les plantes de vétiver elles-mêmes ne sont pas affectées par les foreurs (Remarque: ceci peut être maîtrisé en brûlant les haies).

Pour la plantation des haies, NOBS a installé des barres éloignées de 8-10 cm l'une de l'autre pour diminuer la formation de creux à l'intérieur des haies. NOBS tient à remarquer que des directives doivent être élaborées et rigoureusement suivies pour obtenir de bonnes haies de vétiver. Parmi ces directives figurent: l'utilisation de bons plants, une bonne manipulation de l'excavation, du transport et de la plantation, surveillance et entretiens des plantes par l'arrosage et le remplissage des creux au besoin. NOBS a identifié des méthodes pour irriguer les plantes sur le bord des routes, en utilisant un arroseur relié à un camion jusqu'à ce que les plantes soient bien établies. Selon l'estimation de NOBS, le coût d'un plant sur 8-10 barres en El Salvador s'élève environ à 0.O6Dollar US/unité.

 Projets

Les compagnies de construction privées et étatiques sont jusqu'à présent les principaux clients de NOB S. Le vétiver a été planté sur 300km le long des routes et des pentes d'El Salvador. En 1996, les opérations se sont étendues pour essayer d'augmenter l'utilisation des haies de vétiver, notamment au niveau des cultures les plus connues qui sont en même temps les cultures les plus érosives. Ces cultures comprennent le maïs, le sorgho, et les haricots sur des pentes de plus de 5%. Ces cultures couvrent environ 80% des terres cultivables d'El Salvador.

En El Salvador, NOBS a encouragé la technologie du vétiver en collaboration avec le Ministère de l'Agriculture, le Président de la Commission de la Puissance Hydroélectrique, l'Autorité nationale de l'Eau, le Ministère des Travaux Publiques, les Associations bancaires privées et nationales, le Secrétariat National à l'Environnement, ainsi qu'avec de nombreuses ONG environnementales. Tout dernièrement, le gouvernement salvadorien a ouvert un crédit pour la conservation du sol auprès des banques avec un taux d'intérêt de 6%, et un

remboursement échelonné sur 15 ans. NOBS utilise ce système pour encourager autant que possible l'utilisation des haies de vétiver. Le crédit disponible s'élève à environ 10.000.000 Dollars US.

Après une présentation de NOBS auprès du Conseil d'Administration de Banco de Fomento Agropecuano (BFA) qui est une banque gouvernementale travaillant avec les petits agriculteurs, les membres du Conseil ont ajusté les modalités de crédit en ajoutant "...avant l'accord de crédit, l'agriculteur doit montrer des mesures de conservation dans ses terres. Ces mesures peuvent être des barrières mortes, des ananas, des izotes, de la citronnelle, du vétiver, ou simplement des débris organiques..." Cette banque sert à peu près 11.000 petits agriculteurs. Environ 210 agronomes de la BFA ont bénéficié d'une formation de NOBS en matière de technologie du vétiver. La banque a également nommé 3 techniciens pour travailler dans les bureaux sur terrain.

En coordination avec le Secrétariat National à l'Environnement, NOBS a organisé un séminaire de trois jours au profit de six grandes universités, 30 ONG, et tous les techniciens du Secrétariat impliqués dans l'approbation et le financement des projets écologiques inclus dans America's Initiative Program.

 Promotion

On peut citer parmi les efforts du NOBS la radio-diffusion sur les 15 stations radios pour promouvoir l'utilisation du vétiver sur les terres abritant des graines de base. La campagne radio a pour cible les petits agriculteurs, et vise à les sensibiliser sur la technologie du vétîver. En outre, NOBS a publié des articles dans la presse locale sur les problème d'érosion à El Salvador et l'utilisation du vétiver pour y remédier. Des brochures contenant des dessins ont également été élaborées pour sensibiliser les petits agricîteurs sur les problèmes d'érosion du sol et l'utilisation des haies de vétiver pour contrôler l'écoulement des terres et augmenter la production agricole. La valeur ou l'utilisation des racines de vétiver ne sont jamais mentionnées aux agriculteurs car il y a trop de risques que ces derniers, à titre individuel, commencent à déraciner les plantes et rendant ainsi caduque le but d'utiliser le vétîver pour contrôler l'érosion.

Pour convaincre les utilisateurs potentiels de l'enracinement profond du vétiver, NOBS a cultivé la plante en tant que modèle montrant le système d'enracinement. Un tube PVC de quelques mètres a été coupé et ouvert. Le côté ouvert a été remplacé" par du plastique transparent rempli de terre et planté avec un barre. Après plusieurs mois, les racines de vétiver ont été tellement longues qu'elles ont débordé du fond des tubes. NOBS a également établi un modèle identique à l'USDA pour démontrer la formation d'une mare d'eau derrière une arbuste de vétiver.

Pour renforcer l'utilisation du vétiver, NOBS a recommandé l'utilisation de ses feuilles pour couvrir les chaumes, pour les pailles et les balais. En outre, les feuilles et les racines dont on a extrait l'huile ont été remises à une compagnie européenne pour produire des feuilles de papier en banane, et tester ainsi Si les produits dérivés du vétiver peuvent entrer dans la production de papier.

 

PROJET AGRICOLE FAMILIAL DE SAINT JOSEPH, MISSION CATHOLIQUE, BWIA GAMBIE

Eco-description: topographie ondulante, rizière en hautes terres, précipitation d'environ 800mm

Nous tenons à présenter nos remerciements pour nous avoir procuré le Magazine du Vétiver.

La raison pour laquelle nous n'avons pas pu vous envoyer des articles à publier est que notre projet a un personnel limité (8), avec une multitude de tâches à exécuter dans la sécurité alimentaire, tout en travaillant dans la réhabilitation de l'environnement, ce qui nous laisse très peu de temps pour la correspondance.

Notre approche pour couvrir les 112 villages des 6 districts s'est basée sur le partenariat avec les vulgarisateurs, le gouvernement, les ONG et les agriculteurs individuels, mais plus particulièrement les écoles.

Notre action à travers la région en faveur de l'utilisation du vétiver a commencé quand nous avons planté des barrières de vétiver dans une parcelle agricole dont le rendement a toujours été insignifiant. Les agriculteurs avoisinant se sont rendu compte de l'importance des résultats obtenus, et ont demandé à utilisé la technologie. Depuis, le projet a été concentré sur les demandes.

Un facteur qui a contribué à augmenter les demandes et que le mot a rapidement circulé après une série d'ateliers organisés dans les districts au profit des leaders des villages. Lors de ces ateliers, un film a été montré sur une communauté qui a collectivement construit des barrières leur permettant de mettre en place un terrain de 34.6ha sous une rizière en haute terre. Le film a également montré la visite du Ministre de l'Agriculture qui a remarqué que ce fut la plus grande rizière qu'il ait jamais vue. Le film a en outre montré clairement le concept d'utilisation de vétiver en tant que haie permanente, même Si toutes les barrières n'en aient pas été plantées.

La propagation du vétiver a commencé par la création d'une petite pépinière dans un site àl'intérieur d'une école où la plante a toujours servi de décoration. Deux sites du projet ont été ajoutés, et de plus en plus d'écoles ont participé, avec des résultats relatifs. Le financement pour la propagation du vétiver a été obtenu, et des stocks en extra planifié six mois auparavant ont été multipliés pour être utilisés dans les autres sites pépinières. Nous combinons le partenariat avec les agriculteurs, la multiplication par barrières et l'établissement de nouvelles pépinières.

Nous sommes encore dans l'incertitude totale en ce qui concerne les plants. Nous avons pensé que nous avons utilisé une variété locale, et nous nous sommes procuré un plant qui nous a été confirmé comme étant V. zizanioides. Il n'y avait aucune différence! Nous avons réellement vu une variété pousser largement à travers le pays et qui était apparemment différente. Comme nous prévoyons que les demandes dépasseront notre capacité, nous devons avoir recours à ce plant. La tolérance à l'ombre n'est pas bien importante pour les hautes terres car celles-ci sont presque dénudées.

G.van de Meeberg, Conseiller, Projet Familial de St Joseph, Mission Catholique de Bwîam), BP. 165, Banju, Gambie. Tél/Fax: 220489050, Email Mhadji a gam.healtnet.org

 

EFFETS ECOLOGIQUES DU VETIVER SUR LES PLANTATIONS D'AGRUME ENTERRE ROUGE ABRUPTE

Eco-description: Précipitation d'environ 1200 mm, topographie ondulée à abrupte, sol rouge acide, niveaux élevés de toxicité alumini que, érosion importante, nutriments dégradés, thé, agrumes, manioc, maïs, riz.

Le vétiver (Vetiveria zizanioides) planté en ligne sur une pente abrupte dont la terre rouge a été retournée se développe et pousse rapidement, avec un rendement annuel en plant frais d'environ 1 5t/hm2. La plante a été taillée et la paille a servi à couvrir la surface du sol sous les arbres pour que la température de l'air et du sol diminue de façon significative. Simultanément, l'humidité contenue dans le sol a augmenté pendant les périodes de température élevée et de sécheresse. Pendant l'été, la forte radiation solaire est en partie cachée par les haies de vétiver. D'importants bénéfices ont été remarqués au niveau de la conservation du sol et de l'eau, et la structure et la fertilité du sol se sont amélioré. La densité gonflée du sol a diminué tandis que la porosité, le pH, le contenu en matière organique, l'azote total, l'azote hydrolytique, le P et K disponibles, Ca, Mg, Fe, Mn, Zn, Cu, B, Mo and 20 types d'acides aminés ont tous augmenté. Les citronniers ont par conséquent poussé vigoureusement. Des informations supplémentaires ont été fournies sur le développement régional et l'utilisation rationnelle des ressources des terres rouges pour obtenir des rendements durables élevés, des agrumes de qualité supérieure, et une bonne productivité àbas prix dans le sud de la Chine.

Chen Kai et Hu GuoQin

(Département de la Horticulture, Université Agricole de NanJing, NanJing, 210014)

Rao HuiMao, Xu LinHua et Wu Huaqing

(Office Départemental des Projets à Capital Etranger, LinChuan, Province de Jiangxi)

OFFICE DU PROJET TERRES ROUGES, JIANXI,CHINE

 Eco-description: précipitation d'environ ]2OOmm, topographie ondulante à abrupte, sol rouge acide, niveaux élevés de toxicité, érosion importante, nutriments dégradés, thé, citronniers, manioc, maïs, riz

En 1989, Mr Richard G. nous a introduit au vétiver comme une plante idéale pour la conservation du sol. Des essais ont ensuite été effectués dans les zones du projet en Chongren, Jinxi, Lincuan, Dongxiang, Jinxian, les comtés du Guixi, dans le Centre Provincial d'Elevage et de Reproduction, et à l'Institut Provincial de Recherche sur le sol rouge. La plante a été cultivée sur plus de 200 hectares, et sous des conditions écologiques différentes.

Toutes les plantes ont bien poussé même dans des sols extrêmes. Elles ont résisté à la sécheresse, à l'inondation, au feu et au broutage. En outre, la plante renfermait une importante quantité de biomasse et avait la propriété de stabiliser le sol et de conserver l'eau.

Dans le souci de propager la technologie du vétiver, des pépinières ont été installées depuis 1990 sur plus de 20 hectares dans les plantations de paddy, dans les sols rouges des hautes terres et dans les ensablements, avec des expériences et des recherches multiples comme la technologie de reproduction, les effets du vétiver sur la conservation du sol, les effets des pailles de vétiver sur le maintien de l'humidité, l'utilisation du vétiver comme fourrage, les effets des sols extrêmement stériles sur la croissance de la plante, etc. La technologie du vétiver s'est propagée tant sur la plupart des comtés de la province de Jiangxi que sur les provinces avoisinantes. En 1993, la plantation en contour de haies de vétiver a été considérée comme une excellente technologie et une importante composante des systèmes agroforestiers mentionnés dans le Document d'Evaluation du Projet Sol Rouge pour S provinces (Jiangxi, Fujian, Zhejiang, Hunan, et Guangxi).

Jusqu'à la fin de 1996 par l'entremise du Projet Sol Rouge, des haies contours de vétiver ont été largement établies dans 43 bassins versants des 19 comptés ou plantations provinciales. Le but était de maîtriser le problème d'érosion. Au fur et à mesure que le projet progresse, des bénéfices économiques et écologiques du vétiver deviennent de plus en plus évidents. Selon les statistiques, 20.OOOha de sol rouge dans la province de Jiangxi ont été protégés par le vétiver grâce au Projet. L'unique fonction de la plante est actuellement reconnu par un nombre croissant de membres du gouvernement et d'agriculteurs. Tout porte à croire que la plante se propagera plus largement et plus rapidement vers le sud de la Chine.

Hu Jianye, Office du Projet Sol Rouge de la Province de Jiangxi, Nanchang 330002, Chine

 

PROGRAMME COMMUNAUTAIRE DE CONSERVATION DU SOL ET DE L'HUMIDITE, OAXACA, MEXIQUE -- UNE APPROCHE STRATEGIQUE

Eco-description: précipitation d'environ 9OOmm, topographie ondulante à abrupte, sérieux problèmes d'érosion, sol dégradé, maïs, haricots.

Lancé vers le milieu de 1995, le Programme de Contrôle de l'Erosion et de la Restauration du Sol de Oaxaca (PCERS) est un réseau d'organisations gouvernementales et non gouvernementales indépendantes. Le programme s impose comme obj ectif d'encourager la participation des communautés et des ONG de base dans la mise en oeuvre nationale du programme de conservation du sol et de l'humidité d'Oaxaca. Le programme prévoit également des échanges d'informations insstitutionnelles et organisationnelles, la formation et la recherche qui fait partie intégrante du programme. Pendant les deux années qui ont suivi le lancement du programme, PCERS est passé de 12 à 23 organisations participantes, et opère dans 18 communautés. Le but que s'est imposé le programme pour 1997 est d'atteindre 30 organisation participantes et d'opérer dans 33 communautés. Bien que prématurés, ces deux annees ont représenté une remarquable réussite tant en terme organisationnel (levée de fonds, rassemblement et organisation de groupes et d'intérêts divergents pour atteindre un but

commun) que technique (introduction d'une nouvelle technologie, encouragement des communautés à la mise en place des pépinières, encouragement des agriculteurs à faire des essais de vérification sur leurs terres, tests de la nouvelle technologie entrepris par les ONG dans leurs programmes sur terrain, et les recherches d'adaptation de base des essais).

La stratégie de PCERS se base sur une approche à deux étapes: la première étape consiste à se concentrer sur le développement de cadres institutionnels et techniques pour permettre d'avoir la capacité et l'expérience requises pour propager le programme de conservation du sol et de l'humidité à travers la nation. Dans cette étape, l'élaboration du programme technique se base sur l'introduction et la promotion des barrières de vétiver pour la conservation du sol et de l'humidité. Le choix du vétiver a été dicté par l'expérience positive enregistrée au niveau internationale qui a représentée une garantie d'applicabilité de la technologie aux conditions d'Oaxacan, et d'assurer ainsi un potentiel de réussite. Leur programme vétiver sert de base de formation pratique pour le développement de PCERS. En ce qui concerne la deuxième étape, le programme utilisera la chaîne agriculteur-communauté-technicien-chercheurs pour diversifier la richesse technique des activités de conservation du sol et de l'humidité dans et en dehors des terres agricoles. Le but en est d'élaborer une alternative technique basé principalement sur des systèmes et des plants originaires de la région, et au besoin supportés par le vétiver.

La structure oganisationnelle de PCERS est unique, et son développement future mérite une attention particulière. Le programme est un groupement volontaire ou un réseau de communautés, d'organisations d'agriculteurs (campesino), d'ONG, d'agences gouvernementales, étatiques et fédérales, ainsi que d'institutions locales. Chaque membre est autonome, et doit collecter ses fonds et mettre en oeuvre ses activités de conservation lui-même. La participation au PCERS donne accès à l'information technique, à la formation, àl'échange d'informations (y compris les recherches de base et l'adaptation/vérification agricole). Cette participation donne également accès à des coopérants potentiels qui peuvent fournir leur assistance dans la mise en oeuvre des activités des entités individuelles.

Comme il a été mentionné précédemment, les deux premières années de PCERS ont représenté une réussite remarquable en termes organisationnels et techniques. Il n'y actuellement aucun obstacle technique majeur à la propagation de la première étape du programme vétiver. Du point de vue technique, le PCERS n'a rien à craindre. Le plus grand défi du moment pour le programme est le côté institutionnel. Les quatre éléments ci-après influencent la survie du programme, et méritent une attention particulière pour le court terme:

La participation: pour préserver la pertinence du programme, des échanges doivent se faire avec les organisations d'agriculteurs, notamment au niveau de la planification technique et opérationnel.

La durabilité de l'autonomie et de l'indépendance du programme et de ses participants: au fur et à mesure que le programme progresse, et que les ressources augmentent, des intérêts politiques se soulèveront naturellement de l'extérieur du programme, et la lutte pour le pouvoir ne manquera pas de s'ensuivre à l'intérieur du programme. La force du programme et celle qui pourra lui permettre de préserver son identité repose sur le fait que les membres individuels de l'association sont poussés par des intérêts et des bénéfices mutuels. Pour pouvoir s'appuyer sur cette force, il faut établir une meilleure compréhension des rôles et responsabilités de chaque participant, et des bénéfices obtenus de la participation. L'amélioration de la transparence dans le processus de prise de décision du programme peut ainsi être amélioree.

La formalisation du système d'échange des informations techniques entre les participants et la formation: les diverses activités des participants au PCERS génèrent actuellement d'importantes expériences et d'informations pratiques. Ces éléments doivent être collectés, synthétisés et partagés de façon plus systématique. En outre, l'approche vis-à-vis de la formation se base sur "l'échange d'information et la connaissance", à l'inverse du programme pratique de former les formateurs et d'assurer une formation courante auprès des agriculteurs-techniciens et des organisations d'agriculteurs.

L'élaboration de mécanisme pour assurer la durabilité financier de PCERS:

dans la mesure où chaque participant est autonome et lève ses fonds individuellement, les seuls coûts que doit support PCERS sont relatifs aux besoins organisationnels (en particulier l'effort pour assurer que les communautés et les représentants des organisations d'agriculteurs participent réellement), la promotion et l'échange d'information, et la formation. En outre, le PCERS a le potentiel de se développer en entité pour assister ses membres à élaborer des propositions, et ainsi obtenir le financement d'autres sources. L'approche adoptée actuellement pour la levée de fonds est encore ad hoc et risque très prochainement de provoquer la lassitude des bailleurs.

Jim Smyle, RUTA, Costa Rica.

 

RENFORCEMENT DE LA STABILITÉ DES PENTES ET PRÉVENTION DE L'ÉROSION PAR L'UTILISATION DU VÉTIVER DANS LES TRAVAUX D'INGÉNIERIE

Diti Hengchaovanich, M. Eng., P.E. Director, Erocon Sdn Bhd. Kuala Lumpur, Malaysia

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RESUMÉ

L'utilisation de la végétation arboricole et herbacée dans la prévention de l'érosion et le renforcement de la stabilité des pentes remonte à une époque éloignée suite aux utilisations positives faites dans des cas antécédents. Ces dix dernières années, la popularité de l'approche "douce" par utilisation de la végétation pour la stabilisation des pentes emporte sur l'approche "dure" qui utilise des dispositifs mécaniques utilisés par l'homme. A ce souci pour l'environnement s'ajoute une meilleure connaissance et la disponibilité de plus d'informations relatives à la végétation dans les travaux d'ingénierie. Encore inconnu il y a peu de temps, le vétiver renferme des caractéristiques uniques aux arbres et aux plantes, celles de se multiplier abondamment, d'avoir des racines pénétrantes en profondeur dans le sol, et ainsi permettre de contrôler le glissement en surface de la masse de terre qui est l'indicateur de stabilité du sol. Les données obtenues des expériences récentes ont permis de constater que les racines de vétiver sont très robustes et ont une résistance élastique de 75 Mpa, soit 1/6 de la résistance maximale de l'acier doux. Le système d'enracinement massif permet également d'améliorer la résistance du sol et renforce considérablement la stabilité des pentes. Les ingénieurs et les responsables de l'aménagement des terrains en pente disposent actuellement de données quantitatives relatives à l'utilisation du vétiver pour la stabilisation du sol. Les passages ci-après relatent les mesures de prévention de l'érosion et du renforcement des pentes pour les projets d'autoroute en Malaisie.

1. INTRODUCTION

L'érosion, notamment celle provoquée par la pluie, avec les sédiments qui en découlent, est devenue aujourd'hui un des plus grands problèmes du monde. Certains la considèrent même comme un mal insidieux provoqué par l'homme et qui est actuellement en profusion, comme un cancer de la terre.

L'érosion a d'impact sur l'économie et l'environnement. Les impacts immédiats sur l'environnement sont esthétiques, et à long terme, peuvent s'étendre sur la flore et la faune du milieu aquatique. Les impacts sur l'économie se situent au niveau de la capacité de rétention des courants d'eau, convergeant aux problèmes d'inondation et nécessitent par la suite des dragages ou d'autres mesures.

Les estimations ont montré que 200 milliards de tonnes de sol sont emportés par la pluie chaque année, dont 10% en Chine (réf. 1). Les érosions sont notamment provoquées par les pratiques en agriculture, la sylviculture (bucheronnage), les mines et les constructions. L'agriculture provoque certainement le plus d'érosion et par conséquent le plus de sédimentation, mais le bucheronnage et les constructions ne sont pas à exclure. Des études entreprises aux États-Unis il y a quelques années (réf.2) montrent que les constructions endommagent en moyenne vingt fois plus que les autres formes d'érosion provoquées par l'utilisation des terres.

Dans les pays d'Asie de l'Est qui sont généralement sous l'influence des moussons, deux phénomènes se présentent. En effet, la mousson du Sud-Ouest entre Avril et Octobre apporte la précipitation dont l'agriculture et d'autres activités ont besoin. La mousson du Nord-Est, entre Novembre et Mars, apporte des vents froids provenant du plateau du nord de l'Asie et donnent lieu à un climat hivernal. Cette mousson provoque également des nuages chargés de pluie qui, une fois passé la Mer de la Chine du Sud, provoque une autre pluie dans la zone équatoriale, notamment dans le sud de la Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie (Cf. figure 1).

La figure 2 montre la région sujette à des conditions climatiques moussonneuses, tandis que la figure 3 montre la précipitation moyenne compilée sur plusieurs dizaines d'années pour les Hautes Terres de Malaisie, Singapour et Hong Kong. Ces précipitations intenses, conjuguées à des caractéristiques intrinsèques du sol font que la ceinture d'Asie qui est sous l'influence du mousson est une des régions les plus érodées du monde.

Les problèmes de stabilité sont, entre autres, provoqués par la géologie, la géométrie des pentes, la résistance du sol, les conditions climatiques, les infiltrations d'eau, etc... auxquelles s'ajoute parfois l'érosion. Ces problèmes sont provoqués par des érosions chroniques dues à l'absence de mesures de prévention ou d'atténuation à long terme (figures 4a et 4b). Les accidents commenceront par des glissements superficiels du sol, ou des éboulements localisés, avant que des catastrophes plus graves n'aient lieu (Cf figures 5a et 5b).

Des solutions connues parfois comme "dures" ou "inertes" (mécaniques) doivent être identifiées pour pallier à ces problèmes de stabilité, solutions qui permettent de s'assurer que les travaux d'ingénierie ont prévu des mesures de sécurité adéquates, et ne représentent aucun danger, surtout humain. D'autre part, le glissement de sol et les problèmes d'érosion peuvent être traités par la bioingénierie ou écoingénierie, qui non seulement résoudra les problèmes, mais produira un résultat plus esthétique qui est la tendance prédominante des environnementalistes d'aujourd'hui.

2. LA VÉGÉTATION EN TANT QUE MESURE DE RENFORCEMENT DES PENTES ET DE PRÉVENTION DE L'ÉROSION

L'utilisation de la végétation (morte ou vivante) pour renforcer la stabilité des pentes remonte à des temps anciens. On sait par exemple que la Muraille de Chine et le Ziggourat de Bagdad ont utilisé des roseaux pour maintenir le sol. Sous la Dynastie Ming il y a quelques 400 années, un certain ingénieur nommé Pan a utilisé le saule pour stabiliser les remblais. Dans les années 30, suite à la dépression économique, les pays germanophones comme l'Autriche, l'Allemagne et la Suisse ont ravivé l'ancienne pratique, qui s'est par la suite étendu vers les États-Unis et le Canada dans les années 70/80.

L'Europe et les États-Unis ont été les pionniers de l'utilisation de la végétation et des plantes herbacées pour limiter l'érosion et stabiliser les pentes. Leurs expériences ne s'appliquent toutefois qu'à leurs conditions climatiques qui sont généralement clémentes. Comme il a été mentionné dans l'introduction précédente, la ceinture de mousson provoque généralement des périodes de pluies intenses prolongées pour les pays voisins de l'Equateur comme le sud de Thaïlande, Malaisie et l'Indonésie qui se partagent les pluies diluviennes. Ces conditions climatiques font que mêmes les pentes les mieux stables ayant réuni le maximum de sécurité sont parfois sujettes à des glissements superficielles en masse.

Confronté à de tels problèmes, l'auteur a, depuis 1983, poursuivi l'idée de renforcer la stabilité des pentes déjà bien conçues en utilisant des arbres. Les arbres sélectionnés appartiennent généralement à des espèces se développant rapidement, notamment Acacia mangium, acacia auriculiformis, Eucalyptus spp, etc originaires d'Australie. Le nombre d'arbres plantés jusqu'à présent dépasse 120.000. Les résultats des cultures faites entre 1983 et 1986 sont fournis à la réf.3.

Aucune donnée théorique ou numérique ne sera toutefois fournie pour confirmer les résultats.

Les figures 6 et 7 présentent les rôles et attributions de la végétation sur les pentes.

Ces dernières années, un certain nombre de chercheurs ont identifié les facteurs qui contribuent à la stabilité des pentes et ont conclu que ces facteurs se situent aux niveaux hydrologique et mécanique. Les facteurs hydrologiques comprennent l'interception de la précipitation et l'évapotranspiration, d'où réduction de la pression et augmentation de l'infiltration et de la perméabilité. Les facteurs mécaniques comprennent la surcharge pondérale de la végétation des pentes et la résistance au vent et à l'enracinement. Les données ne sont pas encore précises, mais toutefois assez suffisantes pour permettre de conclure que :

1) la végétation réduit l’entassement du sol

2) la résistance du sol peut être amélioré grâce à l’inclusion ou la présence de racines qui contribuent à la cohésion apparente au même titre que le concept de "sol renforcé".

La Référence 6 et la Figure 8 illustrent l’augmentation des facteurs de sécurité en présence de racines par comparaison au scénario absence de racines.

3. LE VETIVER EN TANT QUE VEGETATION UNIQUE POUR LE RENFORCEMENT DE LA STABILITE DES PENTES ET LA PREVENTION DE L’EROSION

Depuis longtemps en Inde, les agriculteurs locaux ont utilisé le vétiver (qui est originaire de ce pays) pour consolider le sol. Le vetiver forme des frontières pour les champs de paddy et renforce les bords des rivières, des canaux et des étangs en retenant la terre contre les effondrements. Les agriculteurs savaient que la méthode allait réussir, mais n’ont pas pu expliquer pourquoi ni comment. Quand les Indiens ont immigré à l’étranger, ils ont apparemment emporté la plante avec eux, et l’utilisation a recommencé dans les nouvelles terres. On retrouvera alors le vetiver dans la vie quotidienne partout où les Indiens habitent, et où la culture et l’influence indienne prédominent.

Après la "redécouverte" du vétiver en Inde et dans les Iles Fidji par Dick Grimshaw et John Greenfield de la Banque Mondiale, l’utilisation du vétiver a gagné de l’ampleur depuis les années 80. L’utilisation s’est toutefois réduite à la conservation de sol et de l’eau dans le secteur agricole avec des succès importants. On a cependant pu noter que les terres en pente plantée de vétiver sont moins sujettes à des glissements et sont moins confrontées à des problèmes d’érosion encore contrôlables.

Bien qu’appartenant à la famille des herbacées (Graminae), le vétiver (vetiveria zizanioides) n’est pas une plante herbacée ordinaire, et doit être dans la même catégorie que le bambou qui est considéré comme une plante herbacée spéciale.

Du point de vue morphologique, le vétiver ressemble à la citronnelle, et garde ses feuilles au-dessus du sol et de la grande partie inférieure. Ses feuilles ressemblent quelque peu à celles de la canne à sucre mais en taille réduite. Les racines servent d’ossature au contrôle de l’érosion car sont très résistantes, dures et lignifiées, similairement au bambou. Elles agissent comme une palissade en bois plantée en contour à travers les pentes des collines (Réf. 7).

La Référence 1 propose plusieurs caractéristiques propres au vétiver. Deux propriétés se distinguent toutefois qui font que le vétiver est un élément idéal pour la prévention de l’érosion et la stabilisation des pentes :

a) La plante pousse verticalement, et grâce à ses racines, peut former une haie dense en 3-4 mois. Cette propriété lui permet de retenir le sol contre les courants, distribue celui-ci de façon uniforme, filtre et retient les sédiments érodés au niveau des haies. La hauteur de la haie s’ajuste automatiquement et proportionnellement aux sédiments retenus.

b) Les racines sont vigoureuses, résistantes et massives, et peuvent pénétrer généralement jusqu’à 2-3 m par an dans le sol selon les conditions de celui-ci (Figures 9 et 10). (La pénétration la plus profonde répertoriée jusqu’à ce jour est de 5,2 m en Thaïlande).

L’auteur serait tenté d’ajouter une troisième caractéristique au vétiver. Il faudrait cependant plus de recherches pour confirmer les expériences préliminaires qu’il a entreprises, selon lesquelles le réseau de racines et les longues feuilles feraient que le vétiver renforcerait la stabilité des pentes grâce à l’augmentation de l’humidité du sol par évapotranspiration (phénomène de succion).

En ce qui concerne la prévention de l’érosion, plusieurs travailleurs Malaysiens ont effectué des études (Drs K.F. Kon et F.W. Lim, Réf. 8) qui ont permis de constater les faits suivants : en comparaison à un sol dénudé, la capacité de rétention du vétiver est de 73% contre 98% sur un sol totalement érodé. Des études (Réf. 9) entreprises récemment à l’Université Kebangsaan en Malaisie (UKM) ont révélé que le vétiver peut retenir 600g/m_ de sol perdu en surface, contre 18g/m_ par les COW GRASS.

L’utilisation du vétiver dans le domaine de l‘ingénierie, notamment pour stabiliser les pentes, doit tenir compte des pratiques agricoles. Jusqu’à présent, on a pu noter ici et là des utilisations de la plante, avec quelques cas bénéfiques basés sur des résultats antérieurs. A titre d’exemple, la référence 7 rapporte que le vétiver a été planté en 1908 à côté de Kuala Lumpur pour retenir les éboulements. La raison pour laquelle son utilisation n’a pas été répandue est probablement le manque ou l’insuffisance de données quantitatives que l’on peut transformer en formules mathématiques et avancer des paramètres qui puissent réellement convaincre les ingénieurs.

La section suivante relate certaines expériences faites pour obtenir ces paramètres.

4. EXPERIENCES ENTREPRISES POUR DETERMINER LES CARACTERISTIQUES DU VETIVER COMPATIBLES AUX TRAVAUX D’INGENIERIE

Les racines des arbres et des autres espèces végétales ont un pouvoir de renforcement grâce à leur résistance élastique et à leurs propriétés frictionnelles ou adhésives. L’effet de renforcement ou l’accroissement de la résistance du sol grâce aux racines peut être quantifiable par la conduction des tests directs sur des sols saturés de racines et sols dénudés de racines sur un même site. La différence entre les valeurs de la résistance de sol saturé de racines et celles relatives au sol dénudé de racines donne la valeur de la résistance des racines. Pour déterminer l’effet de la capacité de rétention des racines du vétiver, des tests à grande échelle ont été effectués sur des remblais plantés de vétiver (figure 11). A chaque niveau de coupe, le profil de sol sans racines adjacent au profil de sol saturé de racines a été coupé sous les mêmes conditions. Les résultats ont permis de constater que la pénétration des racines de vétiver dans le sol augmente de façon significative la résistance du sol à la coupe et la section diagonale avec la profondeur de pénétration des racines.

Il est également important de déterminer les propriétés de résistance élastique des racines lors de l’évaluation des plantes à utiliser pour la stabilisation des pentes. En effet, quand une racine pénètre à travers une partie coupée du sol, la distorsion de cette zone augmente la torsion de la racine. La composante de cette tension tangentielle à la zone de coupe résiste directement à la coupe tandis que la composante normale augmente l’entassement du plan de coupe.

Afin de déterminer la résistance élastique des racines, des spécimens mûres ont été échantillonnés sur des vétivers de 2 ans plantés sur des remblais. Les spécimens ont été testés dans des conditions pour lesquelles l’intervalle entre l’échantillonnage et le test a été limité à un maximum de deux heures. Le bout des racines sans tiges d’environ 15-20 cm a été suspendu à une balance par une mâchoire en bois. L’autre bout a été fixé par un teneur tiré manuellement jusqu’à ce que la racine tombe (figure 13a). La charge maximale est mesurée à la casse de la racine. La résistance élastique est définie comme étant l’ultime force élastique divisée par la section diagonale de la racine nue (sans écorce due à la faible résistance élastique de celle-ci). La figure 13b démontre la relation entre la résistance élastique et le diamètre de la racine. On peut constater que la résistance élastique des racines de vétiver varie entre 180 à 40 mpa pour un diamètre de 0,2-2,2mm. La résistance élastique moyenne est d’environ 75 mpa pour un diamètre de 0,7-0,8mm qui est le diamètre le plus commun pour les racines de vétiver (figure 14b). Ceci est équivalent à 1/6 de la résistance élastique maximale de l’acier doux. La résistance élastique moyenne des racines de vétiver est extrêmement élevée comparée aux autres espèces ligneuses dures. Certaines racines d’espèces ligneuse dures ont une résistance élastiques plus élevée que la résistance moyenne des racines de vétiver de diamètre 0,7-0,8mm. Leur résistance élastique moyenne est toutefois inférieure puisque le diamètre moyen de la racine est supérieure à celui des racines de vétiver.

 

Tableau 1

 Résistance élastique des racines

 

Nom botanique Nom commun Résistance élastique (mpa)
Salix Saule 9-36*
Populus Peuplier 5-38*
Alnus Aulne 4-74*
Pseudotsuga Sapin de Douglas 19-61*
Acer sacharinum Erable d’or 15-30*
Tsuga heterophylia Ciguë Occidentale 27*
Vaccinum Myrtille 16*
Hordeum vulgare Orge

Herbe

Mousse

15-31*

2-20*

2-7kPa*

Vetiveria zizanioides Vétiver 40-120 (Moyenne 75**)

 * Après WU (1995), Réf. 10

** Après HENGCHAOVANICH ET NILAWEERA (1996), Réf. 11

En outre, les racines de vétiver ont un système dense et massif. Cette propriété leur permet d’avoir une augmentation de la résistance à la coupe pour une concentration par unité de fibre. Cette concentration est de 6-10 kPa par kilo de racine par mètre cube de sol, tandis que celle des racines des arbres ont une concentration de 3,2-3,7 kPa par kilo de racine et par mètre cube de sol (Réf. 10 et 11).

Le vétiver peut pousser verticalement sur des pentes abruptes de plus de 150%. La plante se développe rapidement et contribue à renforcer le sol. Ces propriétés lui confèrent l’avantage d’être choisies parmi d’autres plantes pour la stabilisation des pentes. Une autre caractéristique qui distingue le vétiver des autres plantes c’est celle de son pouvoir de pénétration. En effet, la force "innée" et la vigueur de la plante lui permettent de pénétrer dans des sédiments épais, entre les blocs de pierre, dans les espaces entre les couches de rochers. La plante peut également se faufiler entre les trottoirs en béton asphalte (Figure 14).

On peut dire que les racines de vétiver agissent comme des vers "vivants" ou des armatures de 2-3m de profondeur que l’on utilise généralement comme "approche dure" pour les travaux de stabilisation.

5. QUELQUES EXEMPLES D’UTILISATION DU VETIVER DANS LES TRAVAUX D’INGENIERIE

Le vétiver, comme l’indique la Figure 15, a été planté sur le bord des remblais lors d’un projet de réhabilitation des remblais de l’autoroute Est-Ouest en Malaisie. Les remblais se sont affaissés suite à la désagrégation du granite en sols dégradés, éléments facilement érodables, qui compose le remblai. Le vetiver planté à intervalle vertical de 1m sert à de protection à l’éventuelle érosion, prévisible pour ce genre d’élément. Entre les haies, on a planté Arachis pintoi, une légumineuse à croissance lente. Le but était de couvrir les petits rigoles malsains qui se sont formés avant l’installation de la haie. Cette espèce fixe l’azote et sert également à nourrir le vetiver. Il a été également observé pour un projet avoisinant que le vétiver avait la capacité de retenir le sol dans les baies et de stabiliser les remblais. Au début, le client voulait utiliser des gravillons pour couvrir la surface de la pente, qui est coûteux et manque d’esthétique.

La Figure 16 montre comment les courants multi-directionnels normalement à l’origine de l’érosion peuvent être arrêtés à Jalan Gunung Raya dans l’île balnéaire de Langkawi, sur la côte nord-ouest de Malaisie.

Les figures 17 (a), (b), © et (d) sur la même page montrent la possibilité de stabiliser les pentes abruptes (40-60 degrés) et longues (x40m) sans banquettes, ni terrasses ni structures de drainage.

La figure 18 montre la méthode de stabilisation des bordures d’un canal situé entre le niveau de chaussée et un verger en amont de la pente. Le niveau de chaussée lui-même est renforcé par des haies vives de vétiver, étant donné que les chaussées ont été surexploitées avant la réhabilitation.

On peut voir sur la figure 19, l’utilisation de vétiver le long des bords de rivière, afin de retenir les sédiments en provenance des travaux de terrassement. Cette méthode, préconisée par le Département de l’Environnement, vise à empêcher le déversement des sédiments dans la rivière et la polluant ainsi.

La figure 20 compare de l’état d’une pente AVANT et APRES, située sur les flancs de l’autoroute Kuala Lumpur-Karak, et à la sortie de cette même autoroute. La pente a été assez érodée avant l’introduction du vétiver. Après 16 mois, toute la pente est devenue luxuriante de verdure d’acacia dont les graines ont été emportées par le vent. Après l’introduction de vétiver, la pente a également été envahi par des grains.

Les passages précédents permettent d’avoir un aperçu du programme vétiver jusqu’à présent entrepris par nos soins (environ 148.000 mètres linéaires de vétiver plantée). Le vétiver est utilisé à la fois pour stabiliser les pentes et prévenir les érosions. Dans le cas où il faut recourir au vétiver pour contrôler l’érosion, c’est que le sol accuse une érosion avancée et l’envahissement par des plantes herbacées courantes (gazon) ne suffiraient pas pour le retenir.

Nous avons opté pour le vétiver dans les zones situées entre les affaissements ou les éboulements d’une pente et le profil original des versants de collines qui sont stabilisés par les arbres. Le profil de ces zones fait que ces dernières sont plus abruptes que les pentes artificielles et ont besoin d’être "renforcées". Ces pentes sont trop abruptes pour la plantation des arbres, ou bien ces derniers ne poussent pas assez rapidement pour avoir des effets immédiats.

De nombreuses crevasses dûes aux excavations doivent également être renforcées, notamment celles qui se trouvent sur les bordures des lits des rivières. Pour empêcher les sédiments d’être emportés par la rivière et ainsi la polluer, on a utilisé le vétiver avec le GEOJUTE. Le vétiver permet également de stabiliser les versants fragiles et de les empêcher de se déverser dans les courants des rivières.

Le vétiver est également utilisé pour retenir les sédiments dans des canaux de conduite souterraine pour garder leur propreté et réduire les travaux de maintenance nécessaires.

En tout, le vétiver peut retenir les sédiments pendant environ 3-4 mois et peut renforcer le sol en 6-8 mois quand les racines deviennent plus dense et plus longues.

 6. RESUME ET CONCLUSIONS

L’adoption de l’approche "verte" ou "douce" par l’utilisation de la végétation pour empêcher et contrôler l’érosion date de très longtemps. Cette méthode de stabilisation des pentes par les arbres et les arbustes, utilisée durant ces dix dernières années, résulte de la prise de conscience de l’environnement. Des données scientifiques relatives à l’ingénierie ont apporté lumière par la suite. Le vétiver, une plante rare, avec ses racines longues et vigoureuses qui s’enfoncent abondamment dans le sol, peut renforcer le sol aussi bien que n’importee quelle racine. Par contre, il a l’avantage de pousser plus vite et plus rapide, ce qui lui a permis de prédominer et d’être accepté. Des plus amples données sont maintenant disponibles pour aider les ingénieurs dans les travaux de stabilisation des pentes. Pour les sols extrêmement érodables, le vétiver peut prendre place aux solutions dures, sans esthétiques et coûteuses de stabilisation. Le vétiver, étant un élémént vivant, sa réussite dépend des techniques de plantation pour pouvoir exploiter son potentiel.

 

 REFERENCES

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COPPIN, N.J. and RICHARDS, I.G. (1990), Use of Vegetation in Civil Engineering, Construction Industry Research and Information Association / Butterworths, London.

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HENGCHAOVANICH, D and NILAWEERA, N.S (1996), An Assessment of Strength Properties of Vetiver Grass Roots in Relation to Slope Stabilisation, Proc. 1st International Conference on Vetiver, Chiang Rai, Thailand (in press).

WU, T.H (1995), Slope Stabilisation, in Slope Stabilisation and Erosion Control: A Bioengineering Approach, ed. by MORGAN, P.C and RICKSON, R.J., E&F.N.Spon/Chapman and Hall, London.